L’EPR n’est pas la solution au changement climatique
Il est exact qu’un réacteur nucléaire n’émet pas de CO2 ; par contre, l’ensemble des industries du nucléaire, de la mine aux déchets, et notamment les transports, ont des émissions qui, sans être au niveau de celles de la combustion des combustibles fossiles, ne sont pas nulles et en tout cas supérieures à celles résultant de programmes d’efficacité énergétique
("A même service rendu, l’énergie la moins polluante est celle que l’on ne consomme pas") et d’utilisation des énergies renouvelables.
Cet avantage relatif en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre par rapport à des centrales à combustible fossile (elles-mêmes plus ou moins "émettrices" selon le combustible et la technique) doit être mis en regard des "inconvénients" que représentent les risques d’accidents nucléaires, les rejets et déchets radioactifs et la prolifération nucléaire.
Avec son programme actuel, la France a fait le plein des réductions des émissions de gaz carbonique liées à l’utilisation de l’énergie nucléaire.
Si l’ensemble du parc nucléaire dédié à la consommation intérieure d’électricité était remplacé par un parc de centrales au gaz naturel à cycle combiné, les émissions annuelles brutes de gaz à effet de serre en France augmenteraient de 21 % et pas de 50 % , comme on l’entend parfois. Il resterait donc 79 % des émissions ! Afin d’abandonner la filière électronucléaire et de diminuer par 4 nos emissions de CO2, il faut développer en urgence une politique volontaire basée sur la maîtrise de l’énergie et le développement des énergies renouvelables, comme le propose le scénario négaWatt [1].
Par le biais de l’augmentation de la consommation d’électricité, l’accroissement du parc nucléaire par l’EPR renforce le besoin en centrales électriques alimentées en combustible fossile et entraîne par conséquent une augmentation des émissions de gaz à effet de serre.
C’est au niveau mondial que se pose l’enjeu de la lutte contre le changement climatique. Les études publiées par Global Chance montrent qu’une relance massive et aussi rapide que possible du nucléaire à l’échelle mondiale, avec tous les risques qu’elle comporterait sur le plan de l’environnement, de la santé et de la paix, n’apporterait qu’une contribution mineure en 2030 à la diminution indispensable des émissions de gaz à effet de serre, en tout cas inférieure à 10 % des émissions de CO2 prévues à cette époque. [2]
Que ce soit au niveau national ou au niveau mondial, la réduction des émissions de gaz à effet de serre (il faudrait réduire d’un facteur 4 à l’horizon 2050 dans les pays industrialisés comme la France) n’est possible que par une combinaison de programmes massifs de sobriété et d’efficacité énergétique et de développement des énergies renouvelables. Une réduction drastique de la consommation d’énergie à meilleur service rendu est possible dans des conditions économiques favorables, avec des bénéfices considérables en termes sociaux (emploi, confort), environnementaux (pollutions locales, climat) et géopolitiques (réduction des tensions, développement des pays les plus pauvres, étranglés aujourd’hui par l’augmentation des prix de l’énergie). C’est dans le cadre d’une société plus "sobre en énergie" que les énergies renouvelables trouveront toute leur place.